Qui est le roi de l’agro-business au Burkina ?

Il n’existe pas de « roi » unique et incontesté de l’agro-business au Burkina Faso. Le secteur est plutôt marqué par une diversité d’acteurs clés, où l’État burkinabè joue un rôle prépondérant et centralisateur, tandis que des entreprises privées et des innovateurs émergent dans des niches spécifiques.

Le tableau suivant répertorie les acteurs majeurs qui façonnent le paysage de l’agro-business dans le pays.

Acteurs Majeurs de l’Agro-business au Burkina Faso

Acteur / ProgrammeRôle & Domaine d’InfluenceActions & Projets Clés
État Burkinabè (PRSA-BF)Acteur central ; financement, développement d’infrastructures et politique sectorielleDéveloppement de périmètres irrigués, de bas-fonds, construction d’infrastructures de stockage ; budget de 15 milliards FCFA (≈ 23.6M$) pour 2025
Projet Hydromet (Banque mondiale)Partenaire technique ; résilience climatique et innovation agricoleDistribution de 9 700 pluviomètres aux agriculteurs ; formation pour meilleure gestion des semis et des récoltes
BioProtect (« ECOBIO Panier »)Entreprise privée ; production durable et circuits courtsCommercialisation de fruits et légumes biologiques sous la marque « ECOBIO Panier »
Usine de transformation de tomates (Bobo-Dioulasso)Investissement industriel ; transformation et valeur ajoutéeConstruction d’une usine de 8.1M$ pour production de concentré de tomates ; création de 100 emplois directs et 5 000 indirects

Le rôle central de l’État

L’analyse des investissements et des priorités stratégiques démontre que l’État burkinabè est l’acteur le plus puissant du secteur.

  • Investissement massif : Dans le cadre du Programme de Résilience du Système Alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA-BF), plus de 15 milliards de FCFA sont alloués pour l’année 2025 uniquement. Ces fonds sont destinés au développement de périmètres irrigués, de bas-fonds, de jardins maraîchers et à la construction d’infrastructures de stockage. Cet effort financier place l’État en tant que principal investisseur et planificateur du secteur.
  • Modernisation et équipement : Le gouvernement a également lancé la campagne agro-pastorale 2025/2026 avec une distribution d’équipements agricoles et de pêche d’une valeur de plus de 104 milliards de FCFA (environ 179 millions de dollars US). Cet appui en tracteurs, pompes motrices et engrais vise explicitement à booster la productivité et à moderniser l’agriculture à l’échelle nationale.

L’apport des partenaires internationaux

Des acteurs internationaux jouent un rôle crucial en apportant des solutions innovantes et des financements.

  • Innovation climatique : Financé par la Banque mondiale et le Fonds Vert pour le Climat, le Projet Hydromet a formé et équipé des milliers d’agriculteurs avec des pluviomètres. Cet outil simple mais révolutionnaire permet aux communautés de déterminer avec précision le début et la fin de la saison des pluies, réduisant ainsi les pertes de semences et optimisant l’utilisation des intrants. Cette initiative renforce la résilience face aux changements climatiques.

L’émergence des entreprises privées et des innovateurs

Bien que moins dominants que l’État, des entrepreneurs privés développent des modèles prometteurs dans des créneaux porteurs.

  • Production biologique et circuits courts : L’initiative BioProtect, avec sa marque « ECOBIO Panier, se positionne sur le créneau de la production biologique. Elle propose des solutions respectueuses de l’environnement pour une production sécurisée et commercialise des fruits et légumes bio, répondant à une demande croissante pour des produits sains et locaux.
  • Transformation et valeur ajoutée : La construction d’une usine de transformation de tomates d’une valeur de 8,1 millions de dollars à Bobo-Dioulasso illustre la montée en puissance de la transformation agricole. Cette usine, qui créera des milliers d’emplois, vise à augmenter la production domestique de pâte de tomate et à booster les exportations, réduisant ainsi la dépendance aux importations.

Conclusion

En définitive, la couronne de l’agro-business au Burkina Faso n’est pas portée par un seul individu. Le paysage est caractérisé par une synergie entre des acteurs publics et privés :

  • L’État burkinabè endosse le rôle de leader stratégique et de principal financeur grâce à des programmes d’envergure.
  • Les partenaires internationaux, comme la Banque mondiale, fournissent l’expertise technique et les fonds pour l’innovation et la résilience.
  • Les entreprises privées et les innovateurs animent le terrain en développant des modèles agiles centrés sur la qualité, la durabilité et la transformation locale.

Cette dynamique collective, plutôt que l’émergence d’un « roi » unique, est le véritable moteur de la transformation du secteur agro-business burkinabè.

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