Quels jeunes talents tunisiens réussissent dans le cinéma et la musique locale ?

La scène culturelle tunisienne connaît un renouveau remarquable porté par une génération de jeunes artistes qui s’illustrent avec brio tant sur les écrans que dans le paysage musical. Loin de se limiter au cadre national, ces talents émergents conquièrent les festivals internationaux les plus prestigieux et remportent des distinctions majeures, tout en étant soutenus par des institutions et des programmes dédiés. Ce dynamisme, où l’audace créative rencontre la reconnaissance critique, dessine le visage d’une création tunisienne contemporaine à la fois enracinée et resolutely tournée vers le monde. L’exploration de cette effervescence révèle des cinéastes, acteurs, compositeurs et musiciens qui, par leur travail, assurent et transforment l’héritage culturel du pays.

1. La reconnaissance internationale du cinéma tunisien émergent

Le cinéma tunisien vit une période faste où les œuvres de ses jeunes réalisateurs et acteurs sont régulièrement sélectionnées et primées dans les plus grands festivals internationaux, servant de tremplin pour une visibilité mondiale et affirmant la vitalité de la création nationale.

Le film « Take my breath » sélectionné pour les Oscars 2025

Écrit et réalisé par Nada Mezni Hfaiedh, le long métrage « Take my breath » (aussi intitulé « Al-Mabain » ou « Entre 2 ») a été officiellement choisi pour représenter la Tunisie dans la catégorie du Meilleur Film International aux Oscars 2025[citation:2]. Cette nomination consacre un film qui aborde avec sensibilité des thèmes sociaux complexes.

Quatre films en compétition aux Critics Awards for Arab Films à Cannes

Lors de la 9ème édition des Critics Awards for Arab Films en marge du Festival de Cannes 2025, quatre productions tunisiennes étaient en lice : « Agora » d’Ala Eddine Slim, « Aïcha » de Mehdi Barsaoui, « Les enfants rouges » de Lotfi Achour, et « La source » de Meryam Joobeur[citation:6]. Cette présence multiple témoigne de la diversité et de la qualité de la production cinématographique du pays.

Deux prix remportés aux Critics Awards for Arab Films 2025

Lors de cette même cérémonie, le cinéma tunisien a remporté deux récompenses : Adam Bessa a été sacré Meilleur Acteur pour son rôle dans « Les fantômes », et le compositeur Amine Bouhafa a reçu le prix de la Meilleure Musique pour le film « Aïcha »[citation:4].

Le triomphe de « Aïcha » de Mehdi Barsaoui

Le film « Aïcha » du réalisateur Mehdi Barsaoui a particulièrement marqué l’année en cumulant les reconnaissances. Il faisait partie des sept nominations tunisiennes aux Critics Awards[citation:1] et la musique d’Amine Bouhafa pour ce film a été récompensée[citation:4].

Les succès en festival : « Les enfants rouges » et « La source »

Les films en compétition ont déjà brillé ailleurs : « Les enfants rouges » de Lotfi Achour a remporté les prix du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur au Festival de la Mer Rouge, tandis que « La source » de Meryam Joobeur a gagné le prix du Meilleur Film Arabe au Festival d’El Gouna[citation:6].

Des acteurs primés sur la scène arabe

La performance des acteurs tunisiens est également saluée. Outre Adam Bessa à Cannes, Mohamed Mrad a remporté le Prix du Meilleur Acteur au Festival du Film Arabe de Casablanca 2025 pour son rôle dans le film « Jad »[citation:9].

2. Le soutien institutionnel et les tremplins pour les jeunes cinéastes

La vivacité du cinéma tunisien ne doit rien au hasard. Elle s’appuie sur un écosystème composé d’institutions, de festivals et de programmes de financement qui identifient, accompagnent et promeuvent les nouvelles voix, leur permettant de concrétiser leurs projets et de se professionnaliser.

Le rôle central du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI)

C’est un comité placé sous l’égide du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) qui a sélectionné le film « Take my breath » pour la course aux Oscars, démontrant le rôle clé de cette institution dans la promotion du cinéma national à l’international[citation:2].

Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC)

Dirigées pour l’édition 2024-2025 par le réalisateur et critique Ferid Boughedir, les JCC restent un événement phare et un lieu de découverte essentiel pour la jeune création cinématographique en Tunisie et en Afrique[citation:10].

Le Festival International du Cinéma Documentaire Méditerranéen (DocuMed)

Organisé par l’Association Cinéma Documentaire Tunisien, DocuMed, qui se tiendra du 30 octobre au 1er novembre 2025, est une plateforme dédiée à la promotion et à la diffusion du film documentaire de création, un genre dans lequel de nombreux jeunes réalisateurs s’expriment[citation:8].

La reconnaissance par le Ministère des Affaires Culturelles

Le ministère joue un rôle actif de soutien et de célébration des succès, comme en témoigne le communiqué chaleureux publié pour féliciter les équipes des films « Jad » et « Soudan Ya Ghali » primés à Casablanca[citation:9].

La formation et la mise en réseau international

La présence répétée de films tunisiens dans des festivals de premier plan comme Cannes, Venise, Berlin ou Locarno[citation:6] offre aux jeunes cinéastes une exposition incomparable et des opportunités de réseautage cruciales pour leur carrière.

L’héritage et le passage de relais

La vitalité actuelle s’inscrit dans une continuité, portée par des figures tutélaires et des institutions historiques. L’hommage rendu au grand metteur en scène Fadhel Jaziri, décédé en 2025, rappelle l’importance de cet héritage pour les nouvelles générations[citation:5].

3. Les nouveaux visages et les nouvelles voix du cinéma tunisien

Derrière les films primés se trouvent des individus – réalisateurs, acteurs, compositrices – dont les parcours et les talents incarnent le renouveau du 7ème art tunisien. Leur approche novatrice de la narration et leur engagement artistique redéfinissent les frontières du cinéma national.

Nada Mezni Hfaiedh, réalisatrice aux portes des Oscars

Avec « Take my breath », Nada Mezni Hfaiedh place la Tunisie dans la course aux Oscars. Son film, qui suit le parcours d’une jeune femme confrontée à la révélation de son identité sexuelle, illustre le courage et la maturité de la jeune réalisation[citation:2].

Mehdi Barsaoui et la consécration critique avec « Aïcha »

Mehdi Barsaoui s’impose comme un réalisateur de premier plan avec « Aïcha », un film qui a séduit la critique internationale et a valu à son compositeur une récompense majeure à Cannes[citation:4][citation:6].

Adam Bessa, un acteur tunisien récompensé à Cannes

La victoire d’Adam Bessa comme Meilleur Acteur aux Critics Awards for Arab Films pour « Les fantômes » consacre un talent qui porte haut le drapeau du cinéma tunisien sur la scène internationale[citation:4].

Les actrices primées : Amina Ben Ismail et Sanaa Belcheikh

Dans « Take my breath », l’interprétation d’Amina Ben Ismail aux côtés de Sanaa Belcheikh[citation:2] a été remarquée. L’actrice principale du film a d’ailleurs reçu le prix de la Meilleure Actrice au Festival du Film Arabe de Casablanca[citation:2].

Amine Bouhafa, compositeur de bandes originales primé

Le prix de la Meilleure Musique remporté par Amine Bouhafa pour « Aïcha » aux Critics Awards 2025[citation:4] souligne l’importance et la qualité de la création musicale au sein du cinéma tunisien. Il avait déjà été récompensé l’année précédente[citation:6].

Les cinéastes de la diaspora et les coproductions

Des films comme « Les fantômes » (France-Tunisie) primé à Cannes[citation:4], ou « Soudan Ya Ghali » (Tuniso-Soudanais) mentionné à Casablanca[citation:9], montrent l’ouverture et la capacité des talents tunisiens à s’inscrire dans des dynamiques de création transnationales.

4. La musique tunisienne à l’honneur : festivals et concours nationaux

Le paysage musical tunisien est rythmé par des événements structurants qui servent de vitrine et de rampe de lancement pour une nouvelle génération d’interprètes, de compositeurs et d’auteurs. Ces manifestations, souvent institutionnelles, assurent la promotion et la pérennité des divers genres musicaux du pays.

Le Festival de la Chanson Tunisienne 2025 et ses lauréats

La 23e édition de ce festival, présidée par le musicien Taher Guizani[citation:10], a couronné plusieurs jeunes talents. Mohamed Chalghmi a remporté le Microphone d’Or, Hassen Saâda le Microphone d’Argent, et Naceur Landolsi le Microphone de Bronze[citation:3].

La révélation Mohamed Chalghmi

Vainqueur suprême du festival, Mohamed Chalghmi a séduit le jury avec sa chanson « Hobbek Zed », écrite par Habib Mahnouch et composée par Zied Gharsa[citation:3]. Sa victoire le propulse sur le devant de la scène musicale.

Les autres talents primés du festival

Le palmarès complet met en lumière d’autres artistes prometteurs : Boutheina Nabouli (Prix du Public), Bahaddine Ben Fadhel (Meilleure composition instrumentale) et Doâa Feriani (Meilleure interprétation individuelle)[citation:3].

Les Journées Musicales de Carthage (JMC)

Dirigées pour la saison 2024-2025 par la chanteuse de malouf Dorsaf Hemdani[citation:10], les JMC constituent un autre rendez-vous d’importance pour la musique classique et savante, permettant à de jeunes instrumentistes et chanteurs de se produire.

L’Orchestre National de Musique et l’Orchestre Symphonique Tunisien

Lors du Festival de la Chanson, les candidats étaient accompagnés par l’Orchestre National dirigé par Youssef Belhani, et la clôture était assurée par l’Orchestre Symphonique Tunisien sous la direction de Mohamed Bouslama[citation:3]. Ces collaborations sont des opportunités précieuses pour les jeunes artistes.

Un événement qui célèbre l’héritage et la nouveauté

Placé sous le thème « La Tunisie chante », le festival a notamment proposé une revisite de génériques de séries tunisiennes par l’orchestre symphonique, créant un pont entre la mémoire collective et la création contemporaine[citation:3].

5. Programmes de soutien et émergence de projets musicaux innovants

Au-delà des concours, des dispositifs de financement et d’accompagnement ciblés permettent à des artistes aux univers variés, parfois expérimentaux, de développer leurs projets et d’atteindre une maturité professionnelle, enrichissant ainsi la diversité de l’offre musicale.

Le projet « Elyssa » de l’Institut Français de Tunisie

Ce fonds d’aide à la création, doté d’un deuxième appel à projets en 2025, a pour objectif de soutenir les artistes émergents et confirmés résidant en Tunisie. Cinq projets musicaux ont été retenus[citation:7].

Les lauréats musicaux d’Elyssa 2025

Parmi les talents sélectionnés figurent Benjemy (pour son projet « Haï »), Ayman Boujlida (« Mabrouka »), Islem Jemai (« ISLEM »), Mohamed Khachnaoui (« Dendri Stambeli Movement ») et Wissem Ziada (« Broua »)[citation:7].

La diversité des genres soutenus

Les projets retenus par Elyssa témoignent d’une grande variété esthétique, allant de la musique électronique et contemporaine à des réinterprétations de traditions comme le Stambeli, prouvant la vitalité de la scène indépendante[citation:7].

Un accompagnement personnalisé pour les artistes

Contrairement à un simple prix, « Elyssa » se présente comme un fonds d’aide à la création offrant un soutien personnalisé, ce qui est crucial pour le développement technique et artistique de projets complexes[citation:7].

La légitimité conférée par une institution culturelle

Le soutien de l’Institut Français de Tunisie, via un comité de professionnels, apporte une légitimité importante aux artistes lauréats, facilitant ensuite leur recherche de partenaires et leur visibilité[citation:7].

La complémentarité avec les festivals

Ces programmes de soutien en amont sont complémentaires des festivals. Ils permettent la maturation d’œuvres qui pourront ensuite être présentées sur scène, formant ainsi un cycle vertueux de création et de diffusion.

6. La relève musicale : interprètes, compositeurs et passeurs de traditions

La jeune scène musicale tunisienne se caractérise par un savant équilibre entre la réinterprétation des riches traditions du pays et l’exploration de sonorités nouvelles. Cette génération d’artistes, formée et connectée, agit comme un pont entre le patrimoine et la modernité.

Doâa Feriani, meilleure interprète individuelle 2025

La récompense de Doâa Feriani pour son interprétation de « Yalli Dhalemni » lors du Festival de la Chanson Tunisienne consacre une jeune chanteuse au talent vocal prometteur[citation:3].

Bahaddine Ben Fadhel, compositeur instrumental primé

Son prix de la Meilleure composition instrumentale pour « Achawq » démontre l’existence et la reconnaissance d’une jeune création purement musicale, au-delà de la chanson[citation:3].

Les artistes explorant les musiques traditionnelles

Des projets comme « Dendri Stambeli Movement » de Mohamed Khachnaoui, lauréat d’Elyssa[citation:7], montrent un engagement à revitaliser et à réinventer des formes musicales ancestrales pour un public contemporain.

Les auteurs-compositeurs au cœur de la création

Le succès d’une chanson comme « Hobbek Zed » de Mohamed Chalghmi repose aussi sur le travail de l’auteur Habib Mahnouch et du compositeur Zied Gharsa[citation:3], mettant en lumière l’importance des créateurs en coulisses.

Une génération formée et ouverte sur le monde

Les jeunes musiciens bénéficient aujourd’hui d’un accès à des formations plus poussées et sont influencés par un large spectre de courants musicaux internationaux, qu’ils intègrent à leur langage artistique propre.

L’héritage de Fadhel Jaziri et la valorisation du patrimoine

Le travail monumental de mise en scène et de réhabilitation du patrimoine musical tunisien (malouf, nouba, bedoui, etc.) accompli par Fadhel Jaziri[citation:5] a ouvert une voie et inspiré de nombreux jeunes artistes à puiser dans ce répertoire pour créer.

Conclusion : une scène artistique tunisienne en pleine confiance

La Tunisie cultive avec succès une pépinière de talents dans le cinéma et la musique, dont l’audace et le professionnalisme sont aujourd’hui récompensés bien au-delà de ses frontières. Des réalisateurs comme Nada Mezni Hfaiedh et Mehdi Barsaoui, des acteurs comme Adam Bessa et Mohamed Mrad, des musiciens comme Mohamed Chalghmi ou les lauréats du programme Elyssa, incarnent cette dynamique. Soutenue par des institutions dédiées, des festivals historiques et de nouveaux programmes de financement, cette jeune génération ne se contente pas de perpétuer un héritage culturel ; elle le réinterprète, le confronte au monde et l’enrichit de perspectives nouvelles. Leur réussite, saluée à Cannes, aux portes des Oscars ou sur les scènes nationales, dessine une cartographie culturelle résolument optimiste où la Tunisie affirme avec force sa présence et sa singularité sur la scène artistique internationale.

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