La scène culturelle tunisienne connaît un renouveau dynamique porté par une génération d’artistes talentueux qui s’illustrent avec brio sur les écrans et les planches, tant au niveau national qu’international. Ces jeunes acteurs, actrices, compositeurs et metteurs en scène captent l’attention des festivals prestigieux et redéfinissent les contours du paysage artistique. Leur succès, marqué par des récompenses internationales et une reconnaissance critique croissante, témoigne de la vitalité et du potentiel du cinéma et du théâtre tunisiens contemporains. Cette introduction présente ceux qui, par leur art et leur engagement, représentent le présent et l’avenir de la culture tunisienne.
1. La reconnaissance internationale sur les plus grands festivals
Les jeunes artistes tunisiens font régulièrement parler d’eux dans les circuits internationaux les plus sélectifs, notamment lors du Festival de Cannes. Leur présence et leurs victoires dans des compétitions dédiées aux cinémas arabes démontrent leur excellence et la haute estime dans laquelle ils sont tenus par la critique mondiale.
Adam Bessa, meilleur acteur aux Critics Awards for Arab Films
L’acteur Adam Bessa a été désigné Meilleur acteur lors de la 9e cérémonie des Critics Awards for Arab Films, qui s’est tenue en marge du 78e Festival de Cannes en mai 2025, pour son rôle dans le film Ghost Trail. Il s’agit de la deuxième fois qu’il remporte ce prix, après avoir été primé en 2023 pour son interprétation dans le film tunisien Harka[citation:1].
Amine Bouhafa, primé pour la meilleure musique originale
Lors de la même cérémonie, le compositeur Amine Bouhafa a remporté le prix de la Meilleure musique originale pour le film Aïcha du réalisateur Mehdi Barsaoui. C’est la quatrième fois qu’Amine Bouhafa reçoit cette distinction, confirmant son statut de l’un des compositeurs les plus talentueux de sa génération[citation:1].
Une sélection par des critiques internationaux
Ces prix ne sont pas décernés par un jury restreint mais par un panel de 281 critiques de cinéma internationaux, réunis par l’Arab Cinema Center. Cela donne une légitimité forte à ces récompenses et souligne que la qualité du travail de ces artistes est reconnue par des professionnels du monde entier[citation:1].
La consécration du cinéma d’auteur tunisien
Les films pour lesquels ces artistes sont récompensés, comme Ghost Trail ou Aïcha, sont souvent des productions à la croisée des cultures (co-productions franco-tunisiennes) qui traitent de sujets universels avec une sensibilité unique, leur permettant de toucher un public international[citation:1].
Une visibilité inégalée
Être primé lors d’un événement lié au Festival de Cannes offre une visibilité médiatique mondiale. Cela ouvre des portes pour des projets futurs et place les artistes tunisiens sur la carte du cinéma mondial, attirant l’attention des producteurs et des réalisateurs étrangers.
Un rendez-vous annuel devenu incontournable
Les Critics Awards for Arab Films sont devenus un rendez-vous annuel majeur pour la promotion des talents arabes. La régularité avec laquelle les Tunisiens y sont récompensés, comme en 2025 avec deux lauréats, prouve que la relève est non seulement présente mais aussi constante dans l’excellence[citation:1].
2. Les héritiers modernes de la grande tradition théâtrale tunisienne
Le théâtre tunisien, riche d’une histoire profonde, se renouvelle grâce à des artistes qui allient respect des fondamentaux du « 4ème art » et approches contemporaines audacieuses. Ils sont reconnus lors d’événements majeurs comme les Journées Théâtrales de Carthage (JTC).
Fadhel Jaïbi, une école de mise en scène honorée
Bien que faisant partie d’une génération d’aînés inspirants, le parcours de Fadhel Jaïbi est essentiel pour comprendre le terreau dans lequel évoluent les jeunes artistes. Récemment, lors des Journées Théâtrales de Carthage 2025, il s’est vu attribuer le prestigieux prix Salah Al-Qassab, décerné exclusivement à des artistes arabes, en reconnaissance de son parcours exceptionnel et de son apport majeur à la transformation du théâtre tunisien et arabe[citation:2].
L’engagement pour un théâtre novateur et ancré dans le réel
La dernière création de Fadhel Jaïbi, la pièce Rêve(s)… Une comédie noire, témoigne d’un engagement continu pour un théâtre à la fois audacieux et profondément ancré dans les réalités socio-politiques contemporaines. Cette direction artistique influence directement les jeunes metteurs en scène[citation:2].
Des collaborations formatrices avec des figures historiques
Le parcours de ces maîtres du théâtre a été marqué par des collaborations fructueuses avec d’autres figures incontournables comme Fadhel Jaziri, Jalila Baccar et Mohamed Idriss. Ces collaborations historiques ont créé des standards de qualité et d’engagement que la jeune génération cherche à perpétuer et à réinventer[citation:2].
La transmission d’un théâtre de l’image et de la réflexion
Des artistes comme Fadhel Jaïbi ont contribué à développer un « théâtre de l’image » et de la réflexion profonde sur les enjeux de société. Les jeunes créateurs s’emparent de cet héritage pour aborder les questions d’aujourd’hui avec des formes scéniques modernes (vidéo, performances hybrides).
La reconnaissance par les pairs dans le monde arabe
Le fait que le prix Salah Al-Qassab soit décerné lors des JTC, un événement phare du théâtre arabe, et par des pairs arabes, souligne que l’influence et le respect pour ces artistes tunisiens dépassent les frontières nationales, créant un espace de dialogue et d’émulation pour les plus jeunes[citation:2].
Un catalogue théâtral national enrichi
L’œuvre de ces artistes, saluée par de tels prix, enrichit constamment le catalogue théâtral tunisien. Ils créent des pièces qui deviennent des références et des textes d’étude, offrant ainsi un répertoire contemporain sur lequel la nouvelle génération peut s’appuyer et qu’elle peut interpréter[citation:2].
3. Des carrières cinématographiques brillantes entre la Tunisie et la France
De nombreux artistes tunisiens bâtissent des carrières transfrontalières réussies, naviguant avec aisance entre les cinémas tunisien et français. Cette double appartenance culturelle leur permet d’aborder une grande variété de rôles et de genres, des comédies populaires aux drames sociaux exigeants.
Sabrina Ouazani, une révélation précoce devenue tête d’affiche
Révélée très jeune par le réalisateur Abdellatif Kechiche dans L’Esquive (2004), pour lequel elle fut nommée au César du meilleur espoir féminin, Sabrina Ouazani a construit une carrière solide. Elle alterne avec succès les rôles dans des drames sociaux acclamés (Des hommes et des dieux, Le Passé) et des comédies populaires où elle s’impose en première rôle (De l’autre côté du périph, Taxi 5)[citation:4].
La maîtrise de genres cinématographiques variés
Cette capacité à exceller dans des registres opposés – du thriller psychologique à la comédie d’action – démontre une grande versatilité et une intelligence de jeu qui lui ont ouvert les portes de réalisateurs aussi différents que Xavier Beauvois, Asghar Farhadi ou Franck Gastambide[citation:4].
Un ancrage fort dans les réalités sociales
Pour se préparer à des rôles complexes, Sabrina Ouazani mène un travail de fond, comme pour le film Inch’Allah où elle s’est rendue dans des camps de réfugiés en Cisjordanie et a appris le dialecte palestinien. Cette rigueur est caractéristique d’une approche sérieuse et engagée de son métier[citation:4].
La construction d’une filmographie riche et personnelle
Sa filmographie montre un choix de rôles réfléchi, mélangeant films d’auteur primés en festivals et projets grand public. Elle a ainsi tenu le premier rôle féminin de Qu’Allah bénisse la France d’Abd Al Malik et joué aux côtés de Jean Reno dans Antigang[citation:4].
Une présence marquante à la télévision
Son succès n’est pas limité au grand écran. De 2019 à 2023, elle a tenu le rôle principal de la série policière à succès Prière d’enquêter sur France 2, incarnant la capitaine de police Elli Taleb, un rôle qui lui a apporté une grande popularité[citation:4].
Un parcours qui inspire la nouvelle génération
Partie d’un premier rôle non-professionnel dans son quartier, son parcours jusqu’à devenir une actrice reconnue capable de porter des films et des séries sert de modèle et prouve que la réussite est accessible grâce au talent et au travail[citation:4].
4. L’émergence de compositeurs de bande originale primés
La musique de film est un domaine où les Tunisiens excellent de manière particulièrement visible. Des compositeurs comme Amine Bouhafa ont su se créer une signature sonore reconnaissable, essentielle à l’identité des films qu’ils accompagnent, et sont régulièrement salués par des prix internationaux.
Amine Bouhafa, un quadruple lauréat des Critics Awards
Comme mentionné, Amine Bouhafa a remporté en 2025 le prix de la Meilleure musique originale pour la quatrième fois de sa carrière. Une telle constance dans la reconnaissance critique internationale est rare et place son travail au sommet de la création musicale pour le cinéma arabe[citation:1].
Une collaboration régulière avec des réalisateurs de renom
Ce prix 2025 a été décerné pour sa musique du film Aïcha de Mehdi Barsaoui. Ce type de collaboration récurrente avec des réalisateurs tunisiens talentueux montre qu’il est devenu un partenaire de création incontournable, contribuant significativement au succès émotionnel et critique des films[citation:1].
La création d’une identité sonore pour le cinéma tunisien contemporain
Le travail de compositeurs comme Bouhafa ne se limite pas à illustrer des images. Il participe à définir l’atmosphère, l’époque et les émotions d’un film. Sa musique, souvent à la croisée des traditions tunisiennes et des orchestrations modernes, contribue à forger une identité sonore distinctive pour le nouveau cinéma tunisien.
Une légitimité acquise auprès de la critique internationale
Le fait que son travail soit jugé et primé par 281 critiques internationaux spécialisés dans le cinéma arabe est un gage de qualité et d’universalité. Sa musique parle donc autant aux publics tunisiens et arabes qu’aux spectateurs du monde entier[citation:1].
Un ambassadeur culturel par la musique
À travers ses compositions qui voyagent dans les festivals, Amine Bouhafa devient un ambassadeur de la culture tunisienne. Sa musique est souvent le premier contact émotionnel que le public international a avec un film, et donc avec une partie de l’âme tunisienne.
L’inspiration pour de jeunes musiciens
Son parcours et ses succès montrent aux jeunes compositeurs tunisiens qu’il existe une voie de reconnaissance et d’excellence dans le domaine très spécifique et exigeant de la musique de film, encourageant ainsi de nouvelles vocations.
5. La relève dans la mise en scène et la production théâtrale
Inspirés par les grands noms comme Fadhel Jaïbi et Fadhel Jaziri, une nouvelle vague de metteurs en scène et de producteurs prend les rênes, assurant la continuité et le renouveau de la création scénique en Tunisie, notamment à travers des structures privées et des festivals.
L’héritage du Théâtre du Sud et du Nouveau Théâtre
Des figures historiques comme Fadhel Jaziri, co-fondateur du « Théâtre du Sud » à Gafsa en 1972 puis du « Nouveau Théâtre de Tunis », ont créé un modèle de décentralisation culturelle et d’indépendance artistique. Les jeunes compagnies s’inspirent aujourd’hui de ce modèle pour créer en dehors des circuits institutionnels centraux[citation:5][citation:10].
La direction d’acteurs et l’écriture de textes percutants
Fadhel Jaziri était connu pour co-écrire les textes de ses pièces et pour diriger des acteurs avec une grande précision, cherchant toujours la justesse du jeu. Cette exigence envers le texte et le jeu d’acteur est un héritage précieux que la relève cherche à maintenir[citation:7].
L’exploration et la revitalisation du patrimoine musical
Un pan majeur de l’œuvre de Jaziri a été la création de méga-spectacles comme Nouba (1991) ou El Hadhra (1993), qui ont réhabilité et modernisé des répertoires musicaux tunisiens populaires et savants. Cette démarche de plongée dans le patrimoine pour créer un langage contemporain influence profondément les créateurs actuels[citation:7][citation:10].
L’engagement pour la décentralisation culturelle
Fadhel Jaziri a concrétisé cet engagement par la création du Centre des Arts de Djerba, inauguré en 2022. Ce projet, conçu pour promouvoir la création hors de la capitale, ouvre des opportunités et des espaces de travail pour les jeunes artistes de toutes les régions[citation:10].
Un pont constant entre théâtre et cinéma
Ces artistes complets n’ont jamais cantonné leur art à la scène. Fadhel Jaziri a ainsi joué, produit et réalisé pour le cinéma, avec des films comme Thalathoun (2007) ou El Guirra (2016). Cette polyvalence et ce refus des frontières entre les arts sont une source d’inspiration majeure[citation:7][citation:10].
La transmission par l’enseignement et l’exemple
Au-delà de leurs créations, ces maîtres ont formé et inspiré des générations d’artistes par leur enseignement, leurs ateliers et simplement par l’exemple de leur carrière audacieuse et cohérente. Ils ont ainsi semé les graines de la relève qui fleurit aujourd’hui.
6. La percée remarquée dans le cinéma d’auteur et les coproductions
Le cinéma tunisien s’inscrit de plus en plus dans des dynamiques de coproduction, notamment avec la France, permettant à des films au propos fort et à la réalisation exigeante de voir le jour et de circuler. Les jeunes artistes sont au cœur de ce cinéma d’auteur primé.
Des films primés dans les sections officielles de Cannes
Le film Harka, pour lequel Adam Bessa avait déjà été primé en 2023, avait été salué dans la section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes. Cette sélection dans une section compétitive prestigieuse du plus grand festival du monde est le signe que le cinéma tunisien, porté par ses acteurs, a atteint un niveau d’excellence mondialement reconnu[citation:1].
Adam Bessa, un acteur capable de porter un film en solo
Le prix de Meilleur acteur pour Ghost Trail récompense une performance individuelle remarquable. Pouvoir porter un film sur ses épaules et convaincre la critique internationale est la marque des grands acteurs, et Adam Bessa a prouvé qu’il appartenait à cette catégorie[citation:1].
Des récits universels aux accents tunisiens
Les films qui réussissent ainsi sont souvent ceux qui, tout en étant ancrés dans une réalité tunisienne ou moyen-orientale spécifique, traitent de thèmes universels (l’exil, l’identité, la révolte) avec une authenticité et une puissance qui touchent tous les publics.
La synergie entre réalisateurs et acteurs de la même génération
La réussite de ces films est aussi le fruit d’une collaboration étroite entre de jeunes réalisateurs prometteurs et des acteurs parfaitement en phase avec leur propos. Cette synergie générationnelle crée des œuvres cohérentes et puissantes.
Une voie entre le cinéma national et le cinéma mondial
Ces artistes ne sont pas perçus uniquement comme des acteurs « tunisiens », mais comme des acteurs « tout court », capables de jouer dans des productions internationales. Adam Bessa dans Ghost Trail (une coproduction France/Tunisie) en est la parfaite illustration[citation:1].
L’ouverture vers d’autres cinémats arabes
Les récompenses comme les Critics Awards for Arab Films placent les talents tunisiens en dialogue et en compétition saine avec ceux du Maroc, de l’Égypte, de la Palestine, etc. Cette reconnaissance panarabe est un tremplin et une source de légitimité supplémentaire[citation:1].
Conclusion : Un avenir prometteur pour les arts scéniques tunisiens
En conclusion, la relève artistique tunisienne dans le cinéma et le théâtre est non seulement bien présente, mais elle brille avec un éclat particulier sur les scènes nationales et internationales. Des acteurs comme Adam Bessa et Sabrina Ouazani, des compositeurs comme Amine Bouhafa, et des metteurs en scène s’inscrivant dans l’héritage de grands noms comme Fadhel Jaïbi et Fadhel Jaziri, dessinent un paysage culturel dynamique et prometteur. Leurs succès, matérialisés par des prix prestigieux à Cannes, une reconnaissance critique unanime et une capacité à naviguer entre les cultures, prouvent que le cinéma et le théâtre tunisiens sont en pleine renaissance. Portés par des histoires fortes et un talent indéniable, ces jeunes artistes sont les ambassadeurs d’une Tunisie créative et audacieuse, assurant la transmission et le renouvellement de son riche patrimoine culturel pour les années à venir.
