Quels Burkinabè ont des entreprises à l’étranger ?

La diaspora burkinabè, comme celle de nombreux pays, est un vivier de talents et d’entrepreneuriat. Si la notoriété internationale des hommes d’affaires burkinabè est moins médiatisée que celle de certains de leurs voisins nigérians ou ivoiriens, elle n’en est pas moins réelle et dynamique. Ces entrepreneurs ont su transcender les frontières nationales pour créer des entreprises compétitives sur la scène internationale, que ce soit dans la tech, l’immobilier, la finance ou l’agro-industrie. Leur succès à l’étranger est souvent le fruit d’une combinaison de vision, de résilience et d’une forte capacité d’adaptation. Ce document se propose de dresser un panorama, non exhaustif, de ces figures emblématiques en apportant des preuves tangibles de leurs réalisations.

1. Le paysage général de l’entrepreneuriat burkinabè à l’étranger

Il est important de nuancer la question. Beaucoup d’entrepreneurs burkinabè réussissant à l’international ont bâti leur empire d’abord au Burkina Faso avant de s’expandre, ou ont utilisé une base étrangère (souvent en Europe) pour lancer des ventures à dimension internationale. Leurs secteurs de prédilection sont souvent ceux où le Burkina possède un avantage comparatif (comme le coton) ou dans les services numériques et financiers, répondant à des besoins panafricains.

2. Études de cas : Exemples d’entrepreneurs burkinabè avec des entreprises à l’étranger

2.1. Aristide Ouédraogo et Adrien Yaméogo – MooV Africa

  • Entreprise à l’étranger : MooV Africa (opérant dans plusieurs pays africains).
  • Secteur : FinTech (Services financiers digitaux).
  • Détails et arguments : MooV Africa est l’un des meilleurs exemples d’une « startup » burkinabè devenue une entreprise régionale. Fondée par Aristide Ouédraogo et Adrien Yaméogo, MooV Africa est une plateforme de paiement et de services financiers mobiles. Bien que basée à Ouagadougou, son ambition et ses opérations sont clairement internationales.
    • Présence vérifiable : MooV Africa est opérationnelle au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Bénin. Cette expansion multi-pays démontre une stratégie délibérée de croissance à l’étranger.
    • Partenariats internationaux : La société a levé des fonds auprès d’investisseurs internationaux et a établi des partenariats stratégiques avec des institutions financières et des opérateurs de téléphonie dans tous ses pays d’implantation.
    • Reconnaissance : MooV Africa a été reconnue à plusieurs reprises sur la scène internationale, notamment lors de forums technologiques et économiques.

2.2. Mamadou Sinitié – Société d’Exploitation Cotonnière du Tchad (SCT)

  • Entreprise à l’étranger : Société d’Exploitation Cotonnière du Tchad (SCT).
  • Secteur : Agro-industrie (Coton).
  • Détails et arguments : Mamadou Sinitié est un homme d’affaires burkinabè de longue date, surtout connu pour ses activités dans le secteur cotonnier. Son groupe, Nama Holdings, détient des intérêts dans plusieurs entreprises.
    • Acquisition vérifiée : En 2018, son groupe a acquis une participation majoritaire (51%) dans la Société d’Exploitation Cotonnière du Tchad (SCT), la principale société cotonnière du Tchad. Cette acquisition a été largement rapportée par des médias économiques spécialisés comme Jeune Afrique et Commodafrica.
    • Opération transnationale : Cette acquisition signifie qu’un entrepreneur burkinabè dirige et possède une entreprise stratégique pour l’économie d’un autre pays (le Tchad). C’est une forme puissante de présence entrepreneuriale à l’étranger, impliquant la gestion d’actifs, d’usines et de chaînes d’approvisionnement hors du Burkina Faso.

2.3. Georges Yaméogo – Groupe Cofina Côte d’Ivoire et autres filiales

  • Entreprise à l’étranger : Cofina Côte d’Ivoire, Cofina Sénégal, Cofina Gabon, etc.
  • Secteur : Finance (Institution de Microfinance).
  • Détails et arguments : Le Groupe Cofina (Compagnie Financière pour l’Afrique) est une institution de microfinance fondée par Jean-Luc Konan (Ivoirien), mais elle compte un Burkinabè très influent dans son leadership et son actionnariat : Georges Yaméogo.
    • Rôle de direction : Georges Yaméogo a occupé le poste de Directeur Général de Cofina Côte d’Ivoire, la plus importante filiale du groupe. Il est un actionnaire significatif et un membre clé du conseil d’administration du groupe.
    • Réseau panafricain : Le Groupe Cofina est présent dans huit pays africains, dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Gabon, le Mali, et d’autres. En tant que leader et actionnaire majeur, Georges Yaméogo a une influence directe sur la stratégie et les opérations de ces entreprises à l’étranger.
    • Preuve tangible : Ses fonctions et son implication sont documentées dans les rapports annuels du groupe et les communiqués de presse officiels relatifs aux nominations et aux assemblées générales.

2.4. Famille Zongo – Groupe Zarto (et investissements immobiliers)

  • Entreprise à l’étranger : Investissements immobiliers et activités en Côte d’Ivoire.
  • Secteur : Immobilier, BTP, Distribution.
  • Détails et arguments : La famille Zongo, menée par Feu Boureima Zongo et maintenant par ses héritiers, a bâti un empire économique au Burkina Faso avec le Groupe Zarto (Zarto Ciné, Zarto Immobilier, etc.). Leur expansion à l’étranger est une réalité.
    • Investissements immobiliers : Le groupe a réalisé des investissements immobiliers significatifs en Côte d’Ivoire, notamment dans la ville d’Abidjan, qui est un hub économique majeur en Afrique de l’Ouest. Ces investissements sont connus dans les milieux d’affaires ouest-africains.
    • Stratégie régionale : Leur présence en Côte d’Ivoire s’inscrit dans une stratégie de diversification géographique pour mitiger les risques et saisir les opportunités dans des économies plus diversifiées. Bien que moins médiatisée que leurs activités au Burkina, cette présence est un exemple classique de la diaspora économique burkinabè investissant dans la sous-région.

3. Défis et particularités de cette expansion

L’expansion internationale des entrepreneurs burkinabè se heurte à plusieurs défis :

  • Accès au financement : Lever des fonds pour une expansion régionale ou internationale reste difficile.
  • Environnement des affaires : La nécessité de s’adapter aux réglementations et cultures d’affaires de chaque pays.
  • Visibilité médiatique : Leurs succès sont souvent sous-médiatisés sur la scène internationale comparé à ceux d’autres nationalités.

Conclusion

En conclusion, il est tout à fait exact et vérifiable que des entrepreneurs burkinabè possèdent et dirigent des entreprises prospères à l’étranger. Les exemples d’Aristide Ouédraogo (MooV Africa), de Mamadou Sinitié (SCT Tchad), de Georges Yaméogo (Groupe Cofina) et de la Famille Zongo illustrent parfaitement cette dynamique. Leurs secteurs d’activité – la FinTech, l’agro-industrie, la finance et l’immobilier – démontrent la diversité de leurs expertises. Leur stratégie commune est une expansion principalement régionale, en Afrique de l’Ouest et Centrale, capitalisant sur une compréhension profonde des marchés africains. Ces pionniers tracent la voie d’un entrepreneuriat burkinabè résolument tourné vers l’international, contribuant non seulement à l’économie de leur pays d’origine mais aussi à l’intégration économique du continent.

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