l’historique du Président PAUL BIYA

Voici une présentation complète et approfondie de l’historique de Paul Biya, depuis ses débuts dans l’administration jusqu’à son accession à la présidence du Cameroun.

1. Origines et formation

  • Nom complet : Paul Barthélemy Biya’a bi Mvondo
  • Date de naissance : 13 février 1933
  • Lieu de naissance : Mvomeka’a, un village situé dans le département du Dja-et-Lobo, région du Sud du Cameroun.
  • Ethnie : Beti (groupe Fang-Beti), peuple majoritaire dans le sud du Cameroun.

Formation :

  • Études primaires au Cameroun, puis secondaires au lycée Général-Leclerc de Yaoundé.
  • En 1956, il part en France pour y poursuivre ses études supérieures.
  • Il étudie à l’Institut des hautes études d’outre-mer, à Sciences Po Paris et obtient un diplôme en droit public.

2. Entrée dans l’administration camerounaise

De retour au Cameroun, il entre rapidement dans les cercles du pouvoir sous la présidence d’Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun.

  • 1962 : Nommé chargé de mission à la présidence.
  • 1964 : Directeur de cabinet du ministre de l’Éducation nationale.
  • 1965 : Directeur du Cabinet civil à la présidence.
  • 1968 : Nommé Secrétaire général de la présidence de la République.
  • 1975 : Il est nommé Premier ministre, ce qui fait de lui le numéro 2 du régime.

À ce stade, Paul Biya est le plus proche collaborateur du président Ahidjo, même s’il est issu d’une région et d’un groupe ethnique différent.

3. Contexte de la succession présidentielle

  • Ahmadou Ahidjo, président depuis l’indépendance en 1960, dirigeait avec une forte main le Cameroun sous un régime centralisé et autoritaire.
  • Le 4 novembre 1982, à la surprise générale, Ahidjo démissionne officiellement pour « raisons de santé ».
  • Selon la Constitution de l’époque, le Premier ministre devient président en cas de vacance du pouvoir.

4. Accession au pouvoir de Paul Biya

  • Le 6 novembre 1982, Paul Biya prête serment comme président de la République du Cameroun.
  • Il devient ainsi le deuxième président du pays, après avoir été pendant plus de 10 ans l’homme de confiance d’Ahidjo.

5. Crise entre Biya et Ahidjo

Malgré une transition en apparence pacifique, des tensions éclatent rapidement entre les deux hommes :

  • 1983 : Paul Biya commence à écarter les proches d’Ahidjo du pouvoir.
  • Ahidjo, en exil, l’accuse de trahison. Il sera soupçonné d’avoir fomenté un coup d’État manqué contre Biya en 1984.
  • Cette tentative de coup d’État échoue. Elle est réprimée avec sévérité. Des centaines de militaires sont arrêtés, plusieurs exécutés.

6. Consolidation du pouvoir

Après avoir survécu à cette crise majeure, Paul Biya renforce son pouvoir personnel.

  • Il devient président du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), successeur du parti unique de Ahidjo (UNC).
  • Il restaure une autorité forte, tout en se présentant comme un homme de paix et de dialogue.
  • Durant les années 1980, son image publique est celle d’un dirigeant calme, rigide, méthodique, mais aussi distant.

7. Transition vers le multipartisme

  • Sous la pression populaire et internationale, Paul Biya accepte le retour au multipartisme en 1990.
  • Cela marque un tournant majeur dans la vie politique camerounaise.

Opposition et élections :

  • En 1992, il organise la première élection présidentielle pluraliste.
  • Il est déclaré vainqueur, mais le scrutin est vivement contesté par l’opposition (en particulier John Fru Ndi).
  • Paul Biya continue de remporter toutes les élections présidentielles organisées depuis lors : 1997, 2004, 2011, 2018.

8. Longévité et maintien au pouvoir

  • Paul Biya est l’un des chefs d’État les plus anciens au pouvoir dans le monde.
  • Il a gouverné sous un régime présidentiel fort, avec des modifications constitutionnelles successives.
  • En 2008, il fait supprimer la limite de mandats présidentiels, ce qui lui permet de se représenter indéfiniment.

9. Profil personnel et style de gouvernance

  • Gouvernance caractérisée par une centralisation du pouvoir, des remaniements fréquents mais sans réformes structurelles profondes.
  • Il est souvent absent du pays (séjours en Suisse), ce qui lui vaut des critiques.
  • Paul Biya adopte un style distant, très formel, parfois qualifié de “sphinx du Cameroun”.

10. Impact et bilan partiel

  • Sur le plan politique, il a maintenu la stabilité du pays, mais au prix de nombreuses critiques sur le manque de démocratie.
  • Sur le plan économique, le Cameroun connaît une croissance lente, freinée par la corruption, les lourdeurs administratives et l’inefficacité.
  • Sur le plan sécuritaire, son régime fait face depuis 2016 à une grave crise anglophone, et depuis 2013 aux attaques de Boko Haram dans le nord.

Conclusion

Paul Biya est devenu président en 1982 par succession constitutionnelle, après avoir gravi tous les échelons de l’appareil d’État sous Ahmadou Ahidjo. Sa longévité exceptionnelle, son autorité centralisée et sa capacité à maintenir son pouvoir malgré les crises et les pressions politiques font de lui une figure majeure mais aussi controversée de l’histoire politique contemporaine du Cameroun.

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