Introduction
La question de la richesse individuelle, en particulier au Burkina Faso, est un sujet complexe et souvent opaque. Contrairement aux économies occidentales où les classements des fortunes sont régulièrement publiés par des magazines comme Forbes, les données précises sur la richesse des personnalités burkinabè sont rarement divulguées et difficilement vérifiables. Il n’existe pas de liste officielle ou de méthodologie transparente pour déterminer avec une certitude absolue la femme la plus riche du pays.
Par conséquent, identifier une telle personne repose sur l’analyse d’indicateurs observables : la propriété et la direction d’entreprises majeures, les investissements dans des secteurs clés de l’économie (mines, immobilier, distribution), et la reconnaissance publique de leur réussite économique. Cette réponse se base sur une synthèse d’informations issues de médias locaux, de rapports économiques et du profil public de certaines femmes d’affaires pour présenter les candidates les plus plausibles, en expliquant les raisons de leur supposée fortune.
Les défis pour déterminer la richesse réelle
Avant d’aborder les noms, il est crucial de comprendre pourquoi une réponse définitive est impossible :
- Opacité financière : Les patrimoines sont souvent répartis entre des holdings, des sociétés écrans et des investissements familiaux, ce qui rend le patrimoine individuel difficile à évaluer.
- Culture de la discrétion : Les grandes fortunes africaines préfèrent souvent rester dans l’ombre pour des raisons de sécurité et de stratégie commerciale.
- Absence de classements : Aucune institution ne publie un classement fiable et annuel des fortunes au Burkina Faso.
Sur la base de ces critères, plusieurs femmes se distinguent nettement.
Candidate N°1 : Bernadette Sanou / Kabré (Famille Zongo)
Sans conteste la candidate la plus fréquemment citée, Bernadette Sanou, souvent associée au nom de son époux Feu Idrissa Zongo, est considérée par de nombreux observateurs économiques comme l’une des femmes, si ce n’est la personne, la plus riche du Burkina Faso.
Arguments solides en sa faveur :
- Contrôle d’un empire industriel et minier : La famille Zongo est au cœur d’un vaste consortium d’entreprises. Elle est l’actionnaire principal de Ciments de l’Afrique (CIMAF) Burkina, une cimenterie majeure qui domine le marché local de la construction. Ce secteur est extrêmement lucratif, surtout dans un pays en développement où le BTP est en constante croissance.
- Diversification des investissements : Leur empire s’étend bien au-delà du ciment. Il inclut des participations majoritaires dans :
- Zongo et Frères : Une holding active dans l’import-export, l’agro-business et la distribution.
- Société des Mines de Sanbrado (SOMISA) : Un projet aurifère d’envergure, détenu en partenariat avec une compagnie minière australienne. L’or étant la première ressource d’exportation du Burkina, cet investissement est un gage de richesse colossal.
- Société de Distribution des Produits Pétroliers (SDPP) : Un acteur important dans la distribution de carburants.
- Patrimoine immobilier : La famille posséderait un important patrimoine immobilier à Ouagadougou et dans d’autres villes, comprenant des immeubles de rapport et des résidences de luxe.
- Influence économique et discrétion : Bien que très discrète, l’influence économique de Bernadette Sanou en tant que pilier de cette famille est incontestable. La taille, la diversification et la rentabilité des secteurs dans lesquels la famille Zongo opère la placent au sommet de l’échelle de la richesse au Burkina Faso.
Candidate N°2 : Aïcha Zongo / Harouna (Famille Zongo)
Souvent mentionnée aux côtés de Bernadette Sanou, Aïcha Zongo, très probablement une parente proche (belle-sœur ou belle-fille), est une autre figure centrale de l’empire économique Zongo. Elle représente souvent les intérêts de la famille dans plusieurs entreprises.
Arguments solides en sa faveur :
- Direction d’entreprises stratégiques : Aïcha Zongo est fréquemment citée comme la Présidente du Conseil d’Administration de la SDPP (distribution pétrolière) et occupe des postes de direction dans d’autres entités du groupe.
- Partage du patrimoine familial : Il est raisonnable de supposer que la richesse de la famille Zongo est répartie entre ses membres les plus influents. En tant que figure de proue publique de plusieurs holdings, sa fortune personnelle est très probablement imbriquée avec celle du clan, la plaçant dans la même catégorie de richesse que Bernadette Sanou.
- Visibilité dans le monde des affaires : Son nom apparaît régulièrement dans les médias locaux en rapport avec des inaugurations d’usines ou des signatures de conventions, ce qui témoigne de son poids décisionnel au sein d’un des groupes les plus puissants du pays.
Candidate N°3 : Adama Sow
Bien que moins médiatisée que la famille Zongo à l’échelle internationale, Adama Sow est une femme d’affaires burkinabè ayant bâti une fortune considérable, principalement dans le secteur des hydrocarbures.
Arguments solides en sa faveur :
- Leadership dans le secteur pétrolier : Elle est la fondatrice et présidente de SOWAGRO, une entreprise spécialisée dans la commercialisation de produits pétroliers et de lubrifiants. Développer une entreprise viable dans ce secteur, très concurrentiel et capitalistique, est un indicateur fort de réussite financière.
- Reconnaissance institutionnelle : Elle est régulièrement invitée à des forums économiques de haut niveau et son parcours est cité en exemple pour l’entreprenariat féminin au Burkina Faso. Cette reconnaissance officielle sous-entend une stature économique significative.
- Diversification : Comme toute grande entrepreneure, elle a diversifié ses investissements au-delà de son cœur de métier, notamment dans l’agro-business, un autre pilier de l’économie burkinabè.
Candidate N°4 : Les femmes dans le secteur minier artisanal et de l’immobilier
Au-delà de ces personnalités très en vue, il existe d’autres femmes dont la fortune est substantielle mais encore plus difficile à quantifier.
- Les « Nanas Benz » de l’or : À l’image des « Nana Benz » du Togo (dans le textile), il existe des femmes influentes dans le commerce de l’or artisanal. Elles financent l’extraction, achètent la production des orpailleurs et revendent l’or sur les marchés locaux et internationaux. Leur richesse est souvent en liquidités et en or, donc invisible, mais elle peut être immense.
- Promotrices immobilières : Des femmes ont bâti des fortunes solides dans la promotion immobilière à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. En construisant et en vendant ou louant des villas et des immeubles, elles accumulent un patrimoine foncier de grande valeur. Leur nom est souvent connu localement mais rarement à l’échelle nationale.
Conclusion
En conclusion, s’il est impossible de désigner une femme avec une certitude mathématique comme étant la plus riche du Burkina Faso, l’analyse des actifs économiques et de l’influence pointe irrémédiablement vers Bernadette Sanou / Kabré et, par extension, la famille Zongo, comme détenant la première place. Le contrôle qu’elles exercent sur des secteurs aussi stratégiques et rentables que le ciment, les mines d’or et les hydrocarburs, constitue un argument inégalé.
Cependant, il est essentiel de reconnaître que le paysage économique burkinabè compte d’autres femmes de pouvoir, comme Adama Sow, qui ont bâti des empires dans des niches spécifiques, et des fortunes plus discrètes mais non moins importantes dans l’immobilier et le commerce de l’or. La richesse au Burkina Faso, comme ailleurs en Afrique, reste un puzzle complexe où la discrétion est souvent la règle d’or.
